mercredi 16 mars 2011

« Aux Primeurs à Bordeaux, vous rencontrez des courtiers et des négociants qui ont le même comportement que leurs homologues dans le monde du thé"

Interview de l'auteur Guillaume Jourdan. A la découverte du roman et de son auteur...

Dans le livre « Une Année au Château Gruaud Larose », Paul, le personnage principal, parle de similitude entre les grands thés et les grands vins. Voici un extrait : « Chaque fois que je vais au Japon et en Chine, je suis étonné de retrouver la même approche que celle des vignerons. La notion de terroir est fortement ancrée dans l’un et l’autre des univers. Si tu prends simplement l’exemple de la région du Fujian, au sud-est de la Chine, elle produit plusieurs des crus parmi les plus célèbres dans différentes familles de thé. Le Yin Zhen Bai Hao, célèbre thé blanc au goût très subtil, la région de Fuding. Mais aussi le Tie Gwan Yin dans le canton d’An Xi, le prestigieux Da Hong Pao, un thé de rocher des montagnes Wu Yi où le climat tempéré, les nombreuses sources et le niveau de précipitation en font un haut lieu du thé en Chine. Sans parler des grands thés verts de Chine comme le Lu An Gua Pian…»

Des similitudes avec les grands thés? Pourriez-vous nous en dire plus ?
Guillaume Jourdan : « En fait, dans ce livre, chaque chapitre est lié à un mois précis durant l'année sabbatique de Paul. Par exemple, au mois d'avril, le chapitre évoque un des événements majeurs qui se tient à Bordeaux et que l'on appelle la "Semaine des Primeurs". Nous nous approchons de cet événement pour le millésime 2010 car, cette année, la semaine des Primeurs débutera le 4 avril. Dans le roman, Paul assiste à la dégustation du millésime 2009. Et quand Paul découvre cette communauté très particulière de professionnels qui viennent du monde entier et qui se retrouvent dans la région de Bordeaux pour toute une semaine, il fait tout de suite une comparaison avec ce qu'il a déjà vu en Chine autour des grands thés et des professionnels du thé ».

Le thé est une autre de vos passions, n'est ce pas?
« Oui en effet. Je suis allé de nombreuses fois au Japon, en Chine et dans d'autres régions réputées pour leurs thés afin de déguster des thés de grandes origines et comprendre comment certains pouvaient atteindre un tel niveau de précision et de perfection. J'ai toujours été impressionné par le goût unique des grands vins et notamment par le fait qu'ils soient simplement issus d'un processus naturel obtenu à partir de raisins. Et pour les grands thés, je suis encore plus impressionné car ce goût extraordinaire provient des...feuilles. Quelquefois, lorsque je découvre un goût extraordinaire dans mon verre ou dans ma tasse, je me demande : Comment peut on obtenir un tel résultat avec seulement du raisin ? Pour les plus grands thés, je me pose la même question : Comment peut on obtenir cela simplement à partir de feuilles de thé ? Et depuis maintenant 15 ans, je voyage dans différentes régions pour goûter les thés de mono-origine (thés de terroir), quelquefois pendant la récolte ce qui est toujours une magnifique expérience. Et depuis, je ne peux plus me passer de ce goût unique des meilleurs thés du monde.».

Y a t-il d'autres similitudes entre les grands thés et les grands vins?
« Ces deux marchés semblent partager d'autres similitudes quand vous analysez l'organisation du commerce autour du thé et du vin. Pendant la semaine des Primeurs à Bordeaux, vous rencontrez des courtiers et des négociantss qui ont le même comportement que leurs homologues dans le monde du thé. Il y a une réelle similitude au niveau de l'organisation de ces deux marchés. C'est encore plus vrai lorsque vous considérez uniquement les plantations les plus prestigieuses. Concernant les Darjeeling de printemps récoltés dans les jardins les plus impressionnants, ces thés sont réservés en particulier à un nombre trés limité d'intervenants. Les courtiers obtiennent leurs « allocations » de la même manière qu'ils obtiendraient leurs allocations à Bordeaux. De plus, l'échelle de prix pour les grands thés est assez similaire à celle des grands vins. Les meilleurs thés de Darjeeling sont parmi les plus recherchés internationalement et la demande est si forte (en comparaison à la production très limitée) que ces thés atteignent des prix trés élevés. Une autre similitude ? Les millésimes. Comme pour les grands vins, certains millésimes peuvent donner aux thés une valeur encore plus importante : c'est notamment le cas pour quelques très vieux thés Pu Erh qui peuvent atteindre le prix d'un Château Lafite Rothschild. Mais malheureusement, comme pour les grands vins, il n'est pas rare de trouver de faux "vieux millésimes"...”

Pour en savoir plus savoir sur ce roman, le premier chapitre est disponible sur ce lien : «Une Année au Chateau Gruaud Larose».

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